Un sac sur le dos, je monte sur mon vélo et pédale jusqu’au centre ville. Il est 9h. Les rues sont encore peu fréquentées. J’attache mon vélo puis j’ouvre mon sac et en sors mon appareil photo. 

Je n’ai rien prévu. Je vais là où mes pas me guident en espérant trouver l’inspiration. 

Quelques fois, les couleurs environnantes m’invitent à appuyer sur le déclencheur de façon intuitive sans savoir dans un premier temps pour quelle raison j’agis ainsi.

D’autres fois, ce sont les formes qui guident mon inspiration comme un langage qui dépasse le sens immédiat. 

Ce n’est qu’en découvrant les photos sorties du boîtier que je constate que certains clichés ont bien plus de sens qu’il n’en n’avaient à priori. 

J’arpente les rues tel un chasseur cueilleur.

Le plus difficile est d’anticiper une situation intéressante de façon à prendre la photo au bon moment. 

Depuis que je pratique la photographie j’ai appris à dépasser beaucoup plus facilement mes frustrations. 

J’aperçois une femme en pull marin devant un panneau publicitaire qui épouse parfaitement le chapeau du capitaine de l’affiche. Juste au moment de déclencher, la femme se déplace et s’envole avec elle l’occasion d’avoir une photo intéressante. 

La streetphotography est une discipline qui fourmille d’occasions ratés. 

C’est un peu comme la pêche. Il y a des jours où le filet est quasiment vide et d’autres où il contient des trésors. 

Après avoir passé plusieurs heures à écumer les rues de la ville, je me décide de rentrer. 

En rejoignant mon vélo j’aperçois au loin un couple portant un sapin. L’homme qui se tient à l’arrière porte sur son épaule une croix. 

En une fraction de seconde, j’ai la photo et le titre en tête. Je me précipite pour ne pas rater le cliché. Arrivé à hauteur du couple, je prends plusieurs photos sous des angles légèrement différents pour être sûr d’avoir le bon cliché. 

Aujourd’hui la pêche fût bonne. La photo s’intitulera « Le chemin de croix ».